La difficulté d’être une femme

Deux articles en une semaine ? Apparemment j’ai du mal à me taire en ce moment.

J’ai très envie de vous parler des difficultés à être une femme (messieurs ne ricanez pas ça va me tendre). J’avais déjà la volonté d’aborder le sujet depuis un moment, mais je ne me sentais pas légitime à le faire. Je ne suis pas particulièrement cultivée sur le sujet, je ne suis pas une féministe active, j’évite d’aborder les sujets qui fâchent avec quelqu’un d’autre que moi même … et puis d’un coup j’ai eu une lourde révélation « Mais Laurie tu ES une femme ! Alors c’est ton problème aussi quoi que tu en dises. ».

Alors bien sûr je ne suis ni journaliste, ni psy, ni sociologue, ni quoi que ce soit d’ailleurs, et je ne prétends pas faire une analyse de qualité, profonde ou essentielle, je n’ai aucune vanité à propos de tout ce que je peux écrire. Il s’agit simplement d’en parler parce que c’est important comme dirait une de mes brillantes amies.

Elle a soulevé un point essentiel qui est que la condition de la femme en France étant bien meilleure que dans la plupart des sociétés, finalement on a presque l’impression que c’est inutile de se plaindre puisqu’on a déjà plein de choses. Oui et d’ailleurs de toutes ces choses, la plus importante pour moi (et là je ne vais pas vous surprendre) est le droit à s’exprimer.

Nous vivons dans un monde d’hommes, quoi qu’on puisse en dire. La différence de salaire par exemple en est une réalité objective, la soumission des femmes à leurs colocs masculins en est un témoignage plus insidieux.

Les gars, c’est pas vraiment votre faute, et je ne vous déteste pas, loin de là je vous assure. Mais pourquoi vous donnez votre putain d’avis sur les femmes en permanence ? Vous matez la télé : c’est un présentateur très bien, c’est une présentatrice il faut tout de suite jauger de sa beauté, de son intelligence … que vous le fassiez consciemment ou non vous le faites. Nous ne sommes là que pour vous, nous n’existons que pour vous. Même dans cette putain de bible vous êtes créés à partir de matière divine, nous sommes créées par votre chair et pour vous tenir compagnie. Mais merde il fallait acheter un chat, on n’a pas toujours envie de se frotter contre vous (parfois si, c’est vrai, mais pas tout le temps).

Et puis notre corps … c’est juste votre prisonnier. Il faut tout faire pour qu’il vous plaise, tout le temps, parce que c’est ça le but ultime, être belle. Et c’est une telle souffrance … Je les vois venir les critiques de bas étage « Non mais t’es pas obligée de te maquiller, de t’habiller et de t’épiler hein ». Attends approche toi chéri, oui un peu plus près .. oui je viens de te gifler et tu l’as bien mérité. Dès qu’une meuf sort du modèle imposé pour plaire à un homme, tout de suite elle est bizarre, et ne me dîtes pas que c’est pas vrai. D’ailleurs d’une femme seule on dira que c’est une vieille fille qui mourra mangée par ses chats et jamais que c’est juste quelqu’un qui est heureux de sa vie comme elle est et qui n’a besoin de personne. Non ça on le dit d’un homme. Pareil pour une femme qui ne veut pas d’enfant : elle est égoïste, carriériste … mais alors un mec tranquille, sans soucis la violette. On a réussi à avoir une cage un peu plus confortable avec la contraception donc on n’est plus obligées de mettre notre corps à votre disposition quand vous le décidez mais y’a encore du chemin à parcourir.

Pour la petite histoire, quand j’étais au lycée je me suis faite agressée (et non agressée n’est pas un mot trop fort quand tu vois les séquelles que ça laisse) par le même mec dans le tram plusieurs fois. Ce rat profitait d’un tram bondé pour se coller derrière moi  .. je ne vous décris pas la suite c’est moche. Et là t’as 16 ans, t’es juste pétrifiée, tu te demandes ce que t’as fait de mal, personne ne réagit, pourquoi ça tombe sur toi. Et tout ça parce qu’au plus profond de notre cerveau il est écrit que l’homme dispose de la femme et qu’il est le sexe fort. Alors que ce mec aurait juste mérité que je le frappe jusqu’au sang. Ce n’est que quand tu comprends que tu n’as pas à subir ça et que tu dois surmonter ta peur que ça s’arrête.

Mais je ne suis pas un cas isolé, ce genre de sales histoires ça arrive tout le temps. On est dans une telle dualité que ça en devient de la schizophrénie ( morning situation : j’ai envie de mettre une robe pour qu’on me trouve jolie mais en même temps je sais qu’il y aura forcément des regards difficiles à supporter). Je ne me sens l’esclave de personne mais pourtant parfois certaines situations font que je me rappelle que certains se sentent tout permis.

Et malgré tout ça, je sais que vous êtes bons, je sais que beaucoup d’entre vous êtes dénués de la moindre mauvaise intention et que vous ne vous imaginez pas manquer de respect à une femme … Comme il faudra encore beaucoup de temps pour éduquer tout le monde, changer les moeurs et progresser, en attendant, protégez-nous. On se bat toutes seules mais parfois c’est vraiment le bordel. Prenez soin de nous, empêchez vos potes d’être des merdes, arrêtez avec le sexisme ordinaire et intervenez quand il le faut.

Moi je ne veux plus lutter toute seule. 

1 réflexion sur « La difficulté d’être une femme »

  1. Y a aussi un truc que les mecs réalisent pas et les femmes non plus d’ailleurs, c est la culpabilisation perpétuelle que tu vis. Quand tu veux te faire belle, t’as peur que ce soit interprété comme de la tentation ou de rentrer dans le moule du stereotype que tu abhorres; mais si tu fais pas d effort, t’as peur d’etre dénigrée parce que tu es négligée et parfois encore plus par les femmes que par les hommes. Et ça me tord le ventre.
    Tu te sens toujours coupable d être en retard à la sortie de l école, d être trop crevée pour leur faire une bouffe saine ou une sortie éducative, que leurs vêtements soient pas assez propres ou assez à la mode (tu es obligée d écumer les soldes même si tu détestes ça), ou tu paniques d’oublier le goûter, de rater la reunion de parent d élèves; tu as le sentiment d être une mauvaise mère parce que tu es pas parent d élèves et que tu fais pas de crêpes ou tu animes pas les ateliers de l école.
    Tu as honte d avoir le bordel chez toi, d être trop crevée pour faire ton ménage.
    Parce que tout ça, tout le monde considère que c est ton devoir: les mecs, les femmes! Personne n est indulgent. Que tu te tapes tout et que ton mec foute rien n’interpelle personne et n est absolument pas une circonstance attenuante.
    Au boulot, tu es toujours stressée de pas arriver à l heure à la sortie de l école et tu te sens coupable auprès de ton chef de pas être plus disponible. Et puis les mecs sont promus et toi tu fais du sur place mais tu te dis que c est normal que c est ta faute, que tu manques d assurance et puis on a sûrement détecté chez eux des qualités que tu n’as pas.
    Bref tu te sens coupable de tout, ton estime de toi absolument pourrie et si tu te fais pas violence, tu trouve ca normal.
    Je trouve que, nous les femmes, nous perpétuons le schéma dont nous sommes victimes sans en être conscientes et c est sans doute la barrière la plus difficile à abattre. Et en attendant on continue de porter ce fardeau au jour le jour.
    Alors non je ne trouve pas que ce coup de gueule soit exagere : c est vraiment lourd d être une femme pas seulement parfois pour tout ce qui a trait aux violence les sexuelles et aux différences de salaire mais tous les jours; la façon dont tu es (de)considérée par les autres mais aussi par toi même, c est du quotidien, c’est dans ton adn et c’est tellement difficile à combattre parce que c’est vraiment épuisant de devoir se battre constamment pour tout.

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