Quite à revenir après des semaines (mois ?) d’absence, autant que ce soit en fanfare. Aussi ai-je décidé d’aborder une question à laquelle j’ai beaucoup réfléchi ces derniers temps à savoir la fidélité.
Partons du postulat de base : j’ai été élevée par un couple marié, ensemble depuis trente ans, donc a priori je suis bien partie pour croire en l’amour qui dure. La fidélité a toujours été pour moi inhérente à l’idée même du couple. Rappelons-le, le devoir de fidélité est un des piliers du mariage selon le droit français (c’est mon côté juriste qui parle) et jusqu’à peu, sa violation était une cause de divorce. Donc dans l’idée générale, on est bien tous d’accord, on ne trompe pas son/sa conjoint(e).
Ces derniers mois, je me suis retrouvée dans différentes situations où l’être convoité m’annonçait un peu tard qu’il était déjà engagé ailleurs. Stupeur, dégout, colère et perte du précieux sommeil. « Mais nom de dieu (oui en ce moment j’ai une vraie passion pour le blasphème) comment on peut faire ça ? ». J’en arrivais à croire que la fidélité n’existait plus et que j’étais has-been ou que j’étais passée à côté de quelque chose.
J’ai eu une première discussion avec une femme qui m’a expliqué qu’au bout de quelques années de relation avec son conjoint, ils en étaient arrivés au constat qu’ils avaient besoin l’un et l’autre de coucher ailleurs. De nouveau dans tous mes états, frôlant la syncope, je me suis quand même calmée pour essayer de comprendre. L’idée est simple : ils sont convaincus que tu peux dissocier désir et sentiments et qu’être profondément amoureux de ta moitié ne t’empêche pas de désirer d’autres personnes. Alors l’idée de faire la part entre désir et sentiments j’accepte totalement, et je conçois qu’à la longue on puisse se lasser de ne jouir que d’un seul corps. Mais ne serait-ce pas ça le couple ? Accepter de n’aimer qu’une personne physiquement et intellectuellement ? Selon elle j’étais dans le faux. Son explication est élémentaire : si tu te prives constamment de ce qui te fait envie tu finis par être frustré et cette frustration se ressent dans le couple et lui porte préjudice. Je cite « Quand je couche avec un autre mec deux heures après j’y pense plus. J’ai eu une pulsion, c’est passé et terminé. Te priver peut t’amener à être obsédé par cette tierce personne et c’est là que ça devient malsain. » J’avoue avoir eu envie de réfléchir à cette question. Elle s’est empressée d’ajouter que dans son couple ça fonctionnait, parce qu’ils étaient tous les deux d’accord pour fonctionner de cette façon, et qu’aucun des deux ne subissait la situation ou pire, ne l’ignorait. En fait, tout ceci était profondément basé sur le respect de l’autre et le choix d’un modèle de couple différent que celui offert par défaut par notre société. A noter aussi qu’il ne s’agissait que de relations purement physiques, aucune attache, aucun sentiment.
J’avoue avoir été plutôt convaincue par ce discours. Je ne suis pas certaine que cela puisse s’accorder avec ma vision personnelle du couple mais ce fonctionnement m’est apparu cohérent, respectueux et, de façon très étrange, sain.
Dans un autre registre, j’ai discuté avec un de mes amis, infidèle chronique n’ayant jamais été pris la main dans le tanga par une de ses copines. Prouesse. Et là vous vous dîtes « Non mais en fait ton pote c’est un enculé« . Pas du tout. C’est un des meilleurs mecs que je connaisse : gentil, attentionné, amoureux, admiratif de sa meuf … Il serait incapable de blesser sa copine avec une parole méchante ou déplacée, il la soutiendra toujours, sera toujours le mec idéal. Sa capacité à la tromperie est un mystère pour moi. Il m’explique avoir besoin de plaire, de séduire, pour des raisons qu’il n’arrive pas à déterminer : peut-être la peur de l’engagement, de vieillir, le challenge tout simplement … Autant est-il qu’il reconnait lui-même que si sa meuf l’apprenait elle aurait tout intérêt à le quitter et qu’il se considérerait comme le pire des hommes de l’avoir faite souffrir. Paradoxal ? Sûrement un peu. Mais finalement pas tant que ça si on considère que la vraie intimité et le vrai attachement ne relèvent pas du contact physique.
En effet, de mes expériences perso et de ces discussions, il ressort une idée fondamentale : l’intimité ce n’est pas forcément se déshabiller devant quelqu’un, l’intimité la vraie c’est de mettre à nu son esprit. Laisser quelqu’un tout connaître de vos désirs les plus sombres, de vos pensées les plus profondes, de vos défauts et de vos fragilités. Et en cela les deux témoignages abordés au-dessus (et les autres discussions que j’ai pu avoir sur le même thème) s’accordent : hors de question de parler de choses personnelles, de difficultés, de remises en question ou même de demander un avis, un conseil à quelqu’un d’autre que leur conjoint. Parce que ça c’est de l’amour qu’on le veuille ou non. La tromperie intellectuelle paraît complètement inconcevable alors que la tromperie physique serait juste inhérente à la qualité d’être humain.
J’ai toujours été convaincue que l’attachement psychologique que l’on a à une personne est le plus important, le plus révélateur des sentiments nourris à l’égard de cet être. Et aussi le plus difficile à abolir.
A la lumière de ces visions différentes de la mienne, je me rends compte qu’il y a un million d’infidélités différentes, que ce soit par choix, par désespoir, par volonté de plaire, par souffrance et que certaines peuvent résulter d’un choix de couple alors que d’autres seront sources de douleurs. Finalement, je comprends et suis même admirative qu’un couple puisse avoir ses propres règles, du moment que tout le monde est consentant et respecté. Par contre, à l’instant même où ces conditions ne sont pas remplies, il y a un vrai problème.
Je ne pense pas être un jour capable de fonctionner avec cette liberté pour ma part, j’aurais trop peur qu’une infidélité « contrôlée » dérape en attachement et glisse vers de l’amour mais je suis maintenant convaincue d’être pour que chaque couple établisse ses propres règles.
Plein plein plein d’amour pour vous
« Mais ne serait-ce pas ça le couple ? Accepter de n’aimer qu’une personne physiquement et intellectuellement ? »
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« Mais ne serait-ce pas ça le couple ? Accepter de n’aimer qu’une personne physiquement et intellectuellement ? » Belle interrogation, à laquelle chacun trouvera une réponse différente tant le sujet est complexe… Belle plume !
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Merci beaucoup !
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