Endoméwhat ?

J’ai pas mal hésité avant d’aborder le sujet d’aujourd’hui, parce qu’il s’agit de mon corps, de ma santé et même de ma vie future et des choix qui me seront possibles ou non. J’aime bien râler toute la journée pour un oui ou pour un non, j’aime bien hurler que je suis à l’agonie à cause d’un rhume … mais quand il s’agit de quelque chose d’un peu sérieux, là on ne m’entend plus. Finalement, j’ai fait le choix d’en parler, de raconter cette expérience, parce qu’avec le recul j’aurais aimé en savoir un peu plus avant de me pointer à l’hôpital. Alors allons-y parlons de mon utérus (grosse ambiance).

Dans un premier temps, il est bon d’expliquer un peu la situation. J’ai toujours eu des problèmes de règles. A tel point que j’ai fini par prendre des traitements pour me les déclencher, me les arrêter, ou même les suspendre totalement. Bref. En plus de ça, j’ai eu des problèmes aux seins, aux ovaires, et surtout, et là c’est la cerise sur le gâteau, des rapports douloureux. Enfin douloureux le mot est faible. « Impossibles » serait le terme plus exact. Et pourtant je ne suis pas douillette. Mais là Gandalf qui te dit « vous ne passerez pas » c’est rien du tout à coté de mon entrejambe qui refuse totalement de copiner. Un enfant têtu qui refuse de dire bonjour. S’il fallait faire un état des lieux de mes organes de femme, autant vous dire qu’on ne me rendrait pas la caution.

Il y a deux mois, j’avais mes règles, et j’ai entrevu ce que serait la fin du monde (j’ai tendance à être une Drama Queen mais là je n’ai pas eu besoin de mes talents de comédienne). Blanche comme un linge, en position foetale en train d’envisager une union légale avec ma bouillotte, le malaise, les torrents de sang … jackpot, le combo de l’enfer. Appel à ma pineco interne en gynécologie, appel à mon médecin « LAURIE LES URGENCES GYNECO TOUT DE SUITE ». Non mais Laurie elle est conne, elle préfère serrer les dents. Docteur pas content, ordonnance pour une IRM et là, la suspicion tant redoutée arrive « On va vérifier qu’il n’y a pas d’endométriose  » (si tu as besoin d’une explication sur ce que c’est, clique sur le mot).

Ok. Oui. Très bien. Et bien entendu tu as des images de Laetitia Milot qui te viennent en tête, disant qu’elle a mis 683 ans à avoir un bébé. Panique à bord. Après quelques minutes de tachycardie, je me suis quand même dit que tout bien réfléchi, c’était peut-être mieux de poser un diagnostic sur ce qui m’arrive et qu’il semblait assez logique qu’on envisage cette possibilité puisque l’endométriose serait une cause globale aux symptômes que je pensais développer de façon isolée.

Me voilà donc arrivée à l’hôpital, ni de bonne heure ni de bonne humeur pour le coup. D’abord une échographie. Laurie détendue : oui le gel sur le ventre c’est un peu désagréable mais bon tranquille. « Ah mais on ne vous a pas dit ? C’est le seul médecin qui fait tout par voie endo-vaginale ! ». A l’idée même de sa putain de sonde en moi j’étais déjà tendue comme une crampe. Et bien comme prévu c’était atroce. Obligée de leur demander de s’arrêter deux fois, insupportable. L’examen a duré plus de vingt longues minutes avec le médecin qui ne disait pas un mot et me fouillait de l’intérieur. J’espère qu’il a au moins trouvé de l’or, des diamants et un peu d’empathie dans mes entrailles, sinon ce n’était pas la peine de me faire souffrir comme ça. Tout ça pour m’annoncer que oui effectivement il y a bien des lésions d’endométriose mais que de toutes manières on ne peut l’affirmer qu’à l’IRM parce que l’échographie n’est pas un examen qui décèle avec certitude ce type de problème. « Alors attendez, ça fait quasiment une demie-heure que je me tords dans tous les sens les larmes aux yeux pour que vous me disiez que vous « pensez » voir un truc mais c’est pas sûr ? ». Heureusement que j’ai un profond respect pour le corps médical en général parce que sa sonde il l’aurait testée de force. En route pour l’étape 2, l’IRM. Premier de ma vie. Une heure et demie de retard mais heureusement les dames qui s’occupent de moi sont absolument adorables. L’une des deux me dit même que j’ai un air de Monica Bellucci. Je crois bien que c’est la seule phrase qui pouvait me faire sourire. Et donc après 20 minutes enfermée dans le fameux tube, je peux me rhabiller et le médecin doit arriver.

Pour vous donner une idée du contexte, il était 19h cela faisait donc cinq heures que je trainais dans les couloirs de Pellegrin, je n’avais rien mangé depuis la veille 15h, j’avais mal au crâne, envie de vomir et le moral six pieds sous terre. Je pensais que ça ne pouvait pas être pire. Encore une fois, l’univers a pris cette pensée comme un défi. 

Voilà donc un médecin qui vient me rejoindre, jeune femme d’à peine 30 ans, qui m’explique calmement que oui, il y a bien une endométriose mais qu’heureusement ça ne nécessite pas une opération. Ah mais super. Grosse joie. Champagne. Pumpelup. Donc je demande bien entendu quel va être le traitement : « Il n’y en a pas, la seule chose que l’on peut vous proposer c’est une ménopause artificielle pour que vous n’ayez plus vos règles et donc les douleurs qui vont avec. »

Une ménoquoi ? Elle est où la caméra cachée ? Mais alors attendez, même dans l’hypothèse où j’envisagerais cette option, on fait quoi pour le reste ? Parce que ça ne règle qu’un problème.

Si le pire était là … mais non. La question qui me posait le plus problème était celle de la fertilité. Je sais que j’ai envie d’avoir des enfants mais tout de suite ce n’est pas possible, pour une raison évidente : mais où est le père de ce bébé ? Mais savoir ce qu’il en est de ma capacité à me reproduire peut changer beaucoup de choses pour moi. Je pose donc la question innocente « Mais je peux avoir des enfants normalement où ça va être compliqué ?« . Et cette femme a ri. Elle a eu un rire nerveux que j’ai ressenti comme la pire des déflagrations. Je lui pose une question qui m’angoisse depuis des semaines, qui concerne mes projets de vie, j’attends son avis, une parole rassurante … et elle rit. Elle se marre cette conne.

J’imagine qu’elle s’est rendue compte du problème tout de suite en voyant mon regard puisqu’elle s’est reprise immédiatement, mais c’était déjà trop tard. Selon elle « Il y a des femmes qui ont de très grosses lésions d’endométriose qui ont plusieurs enfants sans problème tandis que des femmes avec de très faibles lésions n’arrivent pas à tomber enceinte. » Ah très bien du coup Laurie elle va tomber dans les pommes voilà. J’ai réussi à attendre d’arriver chez moi pour me faire vomir et c’est quasiment un miracle. Le peu de dignité qu’il me restait m’a tenue à la verticale le temps que je ramasse mes affaires, mon chagrin et que je fasse le trajet jusqu’à mon nid. Ma Flo chérie a pris le relais pour m’éviter de sombrer (il a fallu un resto italien évidemment). Puis j’ai dormi 14 heures d’affilée, vidée, assommée. 

Deux semaines après, je commence légèrement à digérer cette superbe journée safari à Pellegrin. J’ai toujours un demi-million de questions, surtout sur une possible grossesse et je n’accepterai pas une fois de plus la réponse « on saura quand vous essaierez« . Mais comment peut-on répondre ça ? Et si au moment où je peux essayer c’est trop tard ? Et s’il ne me restait que 4 ou 5 ans devant moi avant que ça ne devienne le parcours du combattant ?

Je veux savoir. C’est mon corps, ma vie, je veux qu’on me réponde. Si jamais il faut que je m’y mette sans tarder je vais aborder ma vie amoureuse de façon totalement différente. Je pourrai encore accepter de me tromper, parce qu’en amour on ne peut jamais savoir, mais je ne pourrai plus me pardonner de m’engager consciemment dans des relations qui ne mènent à rien. A 25 barreaux (bon oui presque 26 d’accord), j’espère avoir encore un peu de temps pour la légèreté, attendre que ça tombe du ciel, que ça vienne « quand tu t’y attends le moins ». Je n’ai pas envie de devenir flippée de tout ça, d’avoir peur de rater le coche.

Si je déblatère tout ça aujourd’hui, ce n’est pas pour me faire plaindre, je n’en ai pas besoin et ça n’améliorera pas la situation, mais simplement pour encourager toute femme qui pourrait être atteinte à faire les examens le plus tôt possible parce que personne ne devrait trouver ça normal de souffrir le martyre tous les mois sous prétexte que « les règles c’est douloureux c’est normal ». Plus on en parlera, plus on réclamera des réponses, plus les professionnels de santé seront obligés de se familiariser avec ce problème et de trouver des solutions. Et ça c’est indispensable.

Je vous rassure, l’endométriose n’est pas mon nouveau cheval de bataille, non mon vrai combat sera toujours l’interdiction des collants couleur chair (et l’installation de fontaines à champagne dans l’espace public). La prochaine fois on pourra se marrer de nouveau c’est promis.

En attendant love de vous d’avoir lu tout ça ❤

 

 

 

3 réflexions sur « Endoméwhat ? »

  1. C’est très beau…un récit aussi clairvoyant que solide, face à un évènement de vie autant difficile que douteux… pas facile de s’écrire tant c’est intimiste…les hommes devraient plus se pencher sur le sconditions des femmes dans ce monde, votre place dans la société où vous ne devriez pas puiser autant d’énergie pour ce combat qui ne devrait pas exister. L’homme est l’egal de la femme, enfin non, les femmes surpassent l’homme quand avec beaucoup de clarté, comme tu sais l’exprimer, tu nous démontre à quel point le chemin de l’equitable sera enfin en harmonie avec le monde dont le féminisme, a vraiment besoin aujourd’hui. En toute sincérité.
    Alex.D

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    1. Alexandre, merci pour ces jolis mots qui mettent du baume au cœur. Je ne doute pas de la volonté de beaucoup d’hommes de respecter la femme, et je pense que les uns sans les autres on n’arrivera à rien.
      Belle journée
      Laurie

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  2. De rien Laurie, c’est avec sincerité et plaisir que je me pencherais sur tes écrits, car pour être passionné de la plume, la tienne est très fine et sensible, vraiment. Je suis tombé par hasard sur ta page facebook, car tu étais dans « les » suggestions d’amis car nous avons des connaissances en commun et nous venons de la même commune, ton visage ne m’était pas inconnu, ta photo de couverture a attiré mon attention donc je me suis permis de te lire. Sans regrets . Encore merci pour ces partages et cette sensibilité que tu transmets.

    Amicalement,

    Alexandre Dupebe

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