Je sais que ça fait un petit bout de temps que je n’ai rien dit, presque deux ans apparemment.
Dire que le temps passe vite est un euphémisme. Au dernier « chapitre« , si je peux me permettre de le nommer ainsi, je mettais un nom sur un mal qui me rongeait depuis des années, je ne savais pas ce que j’allais foutre de ma vie, mon compte en banque ressemblait à la tête à toto, et j’étais dans une relation qui ne fonctionnait pas. J’ai noyé mon mal-être comme j’ai pu, surtout dans le champagne et la nuit à vrai dire, et j’ai continué à essayer de trouver ma voie et de me donner une chance.
Deux ans plus tard, je suis devenue banquière (oui ça c’est ma fascination pour Picsou), j’ai rencontré l’homme avec qui je suis depuis un an et demi, avec qui je vis et qui a la grande chance de recevoir 10 fois par jour des photos de bagues de fiançailles, nous ouvrons une société tous les deux, j’ai un peu plus d’oseille mais toujours pas de quoi faire du shopping chez Versace (alors que je le mérite tellement nom d’une pipe), j’ai troqué ma Polux (les vrais savent) comme une Fiat 500 décapotable de cagole, j’ai déménagé de la rue Sainte Catherine au cours Balguerie Stuttenberg. Finalement, ma vie est quand même bien différente de ce qu’elle était à l’époque.
Avec tous ces changements parfois je ne me reconnais quasiment plus. Vivre à deux m’a amenée à beaucoup me préoccuper du bien-être de Raffaele, de la réussite de ses projets, et finalement à m’y perdre un peu. J’ai de plus en plus de mal à écrire, à dessiner, écouter de la musique, lire … toutes ces activités qui étaient indispensables à ma vie auparavant. Une vie de couple, un travail à temps plein et une société en création est un cocktail qui laisse malheureusement peu de place aux loisirs et au temps pour soi.
Je crois d’ailleurs que reprendre mon clavier en main aujourd’hui est un vrai point de départ pour remettre de l’ordre dans tout ça et redonner plus d’importance à mon bien-être et mon équilibre émotionnel.
Ceux qui me connaissent savent que je suis tout ce qu’il y a de plus émotive et que j’absorbe absolument tous les sentiments que je croise. À force de travail j’ai pu avoir un certain contrôle là-dessus, afin de ne plus me laisser gouverner et d’avoir l’humeur la plus constante et stable possible. Le terme « hypersensible » est très à la mode mais je crois que dans mon cas on est plus sur de l’irrationnel bien que je ne sois pas vraiment une adepte de l’ésotérisme.
« Ressentir » les émotions est un don et une malédiction. C’est très beau de pouvoir aider quelqu’un à analyser ce qu’il ressent, c’est incroyable de ressentir la joie d’autrui comme si c’était la mienne, mais cela veut aussi dire qu’on endure les peines des autres et que nos propres émotions sont complètement étouffées. Ces dernières semaines, je n’ai pas arrêtée d’être exposée à de la douleur, j’ai senti des gens se briser, littéralement. Je ne pouvais contenir ces émotions là, j’en suis même arrivée à me faire vomir pour expier d’une manière ou d’une autre cette souffrance (oui j’espère sincèrement que vous n’êtes pas en plein repas). D’ailleurs je n’ai jamais eu de problèmes de boulimie ou je ne sais quoi je tiens à préciser que c’était toujours pour des raisons de douleurs.
Tout ce que je viens de dire est complètement exacerbé lorsqu’il s’agit de l’une de mes âmes soeurs (j’ai la formule gold je ne m’en contente pas d’une seule). Ce que j’appelle une âme soeur n’a pour moi rien à voir avec le sentiment amoureux (c’est possible mais ce n’est pas forcément le cas). Il s’agit d’une personne dont je ressens tous les sentiments sans exception, de qui je peux deviner les pensées, pour lesquelles je vois clairement ce que les autres ne soupçonnent même pas, et avec qui je ne peux avoir une relation qu’intense sinon rien. Certaines, je peux ne pas les voir pendant des mois ou des années, cela ne change rien du tout à nos rapports.
La connexion la plus forte que j’ai, c’est avec mon grand-père. En ce moment il ne va pas bien, j’écris d’ailleurs depuis sa chambre d’hôpital. Vendredi c’était son anniversaire et il a dû être admis en urgence à la clinique Bagatelle, pour une opération prévue demain. Cela fait des semaines qu’on me dit que du jour au lendemain tout pourrait basculer. Jour et nuit je ne pense qu’à lui.
J’ai eu d’autres problèmes depuis plusieurs mois, en réalité depuis début 2020, je n’ai pas connu un moment de répit. Finalement le confinement aura vraiment été le dernier de mes soucis ! J’ai commencé un nouveau boulot, je me suis faite agresser avec ma directrice une semaine après, j’ai perdu mon oncle en suivant, on a eu des tonnes et des tonnes de problèmes avec la société qui nous ont mis au bord de la faillite, je n’ai encore pas supporté une contraception hormonale, j’ai bien entendu grossi, et maintenant j’ai mon papi qui va mal.
Et là, l’atteinte à Michel c’est le pire du pire de tout ce qui peut arriver de grave dans ma vie. Si je le perds, je me brise. Alors on ne se donne pas le choix, on va y arriver, un jour après l’autre. J’ai encore tant de choses à vivre avec lui que je ne peux pas, ne serait-ce qu’envisager, que l’heure soit venue.
Toutes ces claques, toutes ces déceptions m’ont confirmé une chose que je pensais déjà à propos de moi. Plus tu me fais mal, plus je prends des forces. On ne peut pas dire que je pose un regard très doux sur moi-même mais une chose que je ne peux pas me reprocher, c’est de manquer de combativité. Je sais que je tiens ça de mon père et de mon grand-père. Et je ne les remercierai jamais assez d’avoir fait de moi une tête de mule. Si je n’avais pas été aussi dure, aussi catégorique à certains moments sur ces derniers mois, on aurait perdu la société en se faisant mettre à genoux par un requin, mon grand-père n’aurait peut-être pas été pris en charge par les bons médecins à temps, et je n’aurais pas la volonté que j’ai aujourd’hui.
Alors tout ça c’est très bien, mais jusqu’à quand vais-je pouvoir reprendre du poil de la bête ? Quelle est ma limite ? Et surtout, est-ce une si bonne idée de la tester ? Il serait temps que j’apprenne à me calmer.
J’en profite pour remercier les gens exceptionnels qui m’entourent, ma famille qui n’est peut-être pas la meilleure du monde mais qui est la meilleure pour moi, mes copains que j’aime vraiment de tout mon coeur et qui sont tout le temps là, pour le pro et le perso, pour le meilleur comme pour le pire, et mes collègues qui me font bien souvent rire et qui me donnent confiance en moi en m’accompagnant dans ces nouvelles missions.
Rappelez-vous chaque jour que vous faîtes partie du quotidien des gens que vous côtoyez, que vous y êtes importants et que votre bienveillance peut avoir plus d’impact que vous ne le pensez.
A tous ceux qui m’ont aimée, qui m’aiment ou qui ont pour projet de m’aimer un de ces jours, je compte sur votre force pour mon papi, une pensée positive, une prière peu importe le dieu auquel vous croyez, un verre à sa santé … on prend tout et on vous aime.
Les autres qui ne sont que méchanceté et égoïsme vous pouvez garder votre mauvais oeil. Je vous souhaite d’ailleurs de devenir des personnes meilleures.
Sur toutes ces paroles un peu hasardeuses, un peu décousues, je vais aller me faire le best of des plus beaux buts de foot avec mon papi.
Plein d’amour pour vous tous. Sauf les enc***.
Laurie